Pour la sociologue Virginie Muniglia, cette jeunesse en difficulté est marquée d’abord par de nombreuses vulnérabilités. « Dans la majorité des cas, ils sont sortis du système scolaire sans diplôme, avec quelque fois un CAP et un BEP dans un domaine qu’ils n’ont pas choisi, avec un parcours professionnel chaotique. Cela s’explique par le fait qu’ils trouvent peu gratifiant les emplois qu’ils occupent. Pour eux, construire un projet professionnel et se projeter dans la vie professionnelle est douloureux car ils sont conscients, qu’avec leur niveau de vie, ils n’auront accès qu’à des emplois peu gratifiants qu’ils ont déjà eu l’occasion d’expérimenter. Leur rêve est de retourner au lycée et de passer le bac».
Dans ces cas, les futurs cadres du SMA doivent, peu à peu, instaurer une relation de confiance avec les jeunes tout en donnant du sens à l’autorité, selon la sociologue. « C’est la relation de confiance que l’on va établir qui va permettre d’acquérir cette forme d’autorité. Montrer qu’on est juste, qu’on sait tenir un cadre mais en même temps, être à l’écoute». Mais maintenir cette relation de confiance est également un combat continu. « Cette pérennité entre l’encadrant et le jeune va être garanti par le fait que l’intervenant pose des limites mais indique qu’il y a toujours une possibilité de revenir sur une situation. La porte est toujours ouverte et qu’on peut toujours reprendre à zéro». Pour Virginie Muniglia, il faut éviter l’aveuglement à la singularité des situations, l’aveuglement à la fragilité des parcours, traiter tout le monde de la même façon sans prendre en compte l’individualité provoquent un sentiment très fort de déni de reconnaissance de la part du jeune. En réaction, le jeune met alors en place des tactiques de préservation de soi, de sa dignité qui peuvent se traduire par soit de l’agressivité, de la violence verbale envers l’intervenant qui lui oppose cette dépersonnalisation de la relation soit par une forme de désengagement par rapport au projet, une rupture du contrat». |